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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 08:31

                                                                     Le livre de signes et d'ombres, Linda Maria Baros, Cheyne éd., Prix de la vocation, 53 p., 9782841160969

Le livre de signes et d’ombres

    Linda Maria Baros, éditions Cheyne 2004
 
   Premier recueil publié en France, prix de la vocation,


Résumé :
Au regard des  recueils suivants qui seront plus convaincants, mieux maîtrisés,  celui-ci se caractérise par l’excès. Excès dans la virtuosité. Dans le foisonnement des images qui frappent par leur soudaineté, et finissent par devenir agaçantes. Elles bousculent la conception cartésienne de la poésie.

Linda Maria Baros (âgée alors de 23 ans) montre ses moyens puissants, une fougue, une confiance absolue dans son pouvoir de démêler des postulats alambiqués. Elle est voyante mais se noie dans le marc de café de ses fantasmes – « paranoïaques-critiques » -. Certes beaucoup de poètes en France manquent d’imagination. Elle n’en manque pas. Mais en fait trop. Péché de jeunesse : elle s’engouffre dans une thématique baroque - voire gothique - à la suite d’Isidore Ducasse et des écrivains d’Amérique du sud spécialisés dans le volcanisme, la thérapeutique brutale, la fête des morts.
 
«
Le premier voyageur ne savait pas
    que le chemin le consommait.
Et qu’à travers ce qui est,  se montre ce qui n’est pas
. »
 
La métaphore de la barrière douanière, dominante dans le recueil, suggère que les vannes de l’imagination sont désormais incontrôlables. Comme un gouvernail dément. Un volant de voiture qui échapperait des mains : «
En dessous de la lumière,/ l’arbre géant de l’univers, / les cercles concentriques/ par lesquels montent les sèves du néant… »
 
Linda Maria Baros nous convie à une descente aux enfers de l’immigration. Son imagerie superpose les figures sur un ton sarcastique, développe les ressorts analogiques, de la comparaison à l’allégorie («
le signe et ses pit-bulls… », c’est pousser un peu loin le plaisanterie ! ). Il ne faut pas oublier que la jeune Roumaine ambitieuse vient du pays d’exil d’Ovide, l’auteur de Tristes pontiques donné récemment dans une nouvelle traduction de Marie Darrieussescq (POL éditions).
 
L’œuvre à venir est esquissée (l’autoroute, la maisons) ;  des genèses, des cosmogonies enclavées sont racontées, ou se devinent. Une imagination jubilatoire, par moments asphyxiante, dans le « struggle for life », la lutte pour la vie.
 
 Parmi les quatre sections du recueil, nos préférences vont  au  « v.r.p. », une série de sept poèmes,
 
« Et le premier voyageur est venu,/ bercé par les flots écumeux de la plaine./ C’était un jeune homme beau comme un dieu,/ disent les Anciens… »

Et à « Les cuisses de Jupiter » :

«  Ceux qui viennent et ceux qui s’en vont
ne savent rien
sur la turgescence de l’autoroute A4.
Sur son odeur sauvage – de vieille putain
Dont les yeux ont la couleur
De l’alcool médicinal –
Odeur dans laquelle lévitent les routiers
… »

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