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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 15:46

 

 

 

 

Anthologie secrète    Frankétienne, éd. Mémoire d’encrier

 

 

  A propos d’Haïti, les caméras ont montré la stupeur populaire –  les réactions « à chaud » des politiciens défaits - et la bataille perdue d’avance contre la tectonique –  avec ses « pulsions »  chevillées à la terre déconstruisant autant qu’elles charpentent - qui s’était déroulée à l’avantage du plus fort, en quelques secousses rapides et des minutes de janvier 2010. Port au Prince était alors la capitale implosée d’un pays de misère, après un séisme mémorable d’une magnitude de 7,3.

 

L’attention des téléspectateurs a pu retenir les images de Frankétienne interviewé, parmi d’autres victimes, chabin « bâtard », depuis longtemps autodésigné Foukifoura, «le fou de Port-au-Prince », le « dissident subversif », « chimérique et zinglindêque » en personne. Maître des lieux, aux traits reconnaissables – mais indemne -, dans son quartier Delmas 31, totalement éventré. Sa bibliothèque avait échappé de justesse aux « répliques ». Frankétienne a accueilli les reporters, qui lui ont rendu les honneurs – spots artificiels convergents, cadrages de plus en plus précis, gros plans sur son visage - dans sa bibliothèque, objet de leur visite. Témoin humble d’une catastrophe aux conséquences internationales, Frankétienne n’a pas déploré, comme à son habitude par écrit, entre autres leitmotivs, sa ville « en panne de tout », la collusion du PCH (parti communiste haïtien auquel il avait appartenu ) et de la bourgeoisie compradore antinationale,  « la musicale complexité de la douleur « de son île où il réside toujours, en dépit de l’expatriation massive des ressortissants dès 1960, et qu’il n’a quittée provisoirement qu’à l’âge de 59 ans, arrivé au sommet de sa gloire.

 

Réfractaire au duvaliérisme pour des raisons familiales, il vit dans son « exil intérieur », en compagnie de Marie-Andrée son épouse après 40 années de vie commune, et « résultats d’une succession de divorces évités ou avortés », auteur « conscient de l’immensité hors-mesure de son œuvre… » Frankétienne occupe une place à part dans la littérature contemporaine haïtienne, en tant que créolophone, ayant appris le français sur le tard, auteur du premier roman écrit en langue créole, d’une quarantaine de recueils, - dont un roman, Ultravocal - , emblématiques du mouvement poétique appelé « le spiralisme ». En tant que résistant de l’intérieur, anti-papadoc, par ses pièces de théâtre, son imperturbable « énergie » de peintre en rupture avec l’art naïf pratiqué. En tant que signature reconnue : l’écrivain vit de sa peinture exportée à l’étranger. Outre les multiples facettes de son « génie », il peut se déclarer de plein droit – compte tenu de sa biographie dramatique dès sa naissance, « moi, mon propre père » - formule paradoxale, orgueilleuse et vantarde, mais pas complètement fausse. Le titre Anthologie secrète répond à la commande du préfacier Rodney St Eloy, poète de la diaspora installée au Québec, maître d’œuvre vertement sermonné à l’intérieur du livre par Frankétienne en personne : «  J’ai produit une quarantaine d’œuvres qui parlent mieux que mes blablas répétitifs. Je suis un jeune vieillard… Tu es peut-être le dernier à qui j’accorde mes paroles, mes confidences et mes aveux. Par fraternelle amitié et par amour. Et puis BASTA ! »

 

Reflet de ses humeurs, l’ouvrage se présente comme une autobiographie fragmentaire, composée d’extraits de Mur à crever, son premier roman, de L’Oiseau schizophone, pierre angulaire de son inspiration poétique, et illustrée par des photos d’époque de Port-au-Prince,  des instantanés de l’artiste au travail ou très narcissiquement s’auto-photographiant au repos, des notes manuscrites en fac-similé, des vers calligraphiés « une lampe chuchote aux bords de ses paupières », des collages, des dessins à la plume,  des esquisses et gravures très travaillées. La richesse documentaire justifierait déjà sa consultation.

 

Mais, autre mérite de l’anthologie, elle nous montre la grande et indestructible inventivité de Frankétienne, précoce insomniaque dans un univers « qui bouge » entre les extrêmes de la violence (Haïti perçue comme violente aujourd’hui comme autrefois, y compris de l’extérieur), premier critique de son graphisme et de sa production écrite menée tambour battant. Son geste exempt d’atermoiement engendré par une intuition sous haute surveillance (par le biais du miroir ou des instantanés polaroïd) se trouve à proprement parler mis à nu à travers le scénario d’une célébration païenne.

Nous partageons son avis tonitruant et dérisoire, donné avec rage et un sens aigu de la provocation  « je suis un génial MEGALOMANE ». Une citation suffit parmi tant d’autres :  

« Je m’invente des chemins fous. Je m’exerce aux mirages. Le réel revient en court-circuit, m’assailles de litanies… Immobile dams mon étymologie, je varie mes harmoniques, je renforce mes défaillances.. Mon insomnie barbare dérange la liturgie des ténèbres. Ma nudité éclabousse la syntaxe de la nuit. Orpheline, la lune en dépaysement. Chaque matin, je me réveille étonné de revoir le soleil, vieux corps décapité encore brûlant du souvenir de sa tête. »  

 

D’abord, - puisqu’il faut forcément un départ pour se motiver  - partir à la rencontre de Frankétienne, c’est « détourer » - mentalement - les événements accidentés de son enfance, les contours, encore modelables, d’une psychologie exposée à la brutalité et à la délinquance active. Frankétienne est né du viol d’une jeune paysanne par un homme d’affaires américain, son père adoptif travaillant dans la compagnie des chemins de fer McDonald entre Port-au-Prince et L’Arbibonite— transport ferroviaire confisqué  tout autant que les autres projets d’infractures, sous le régime de Duvalier. Blanc parmi les noirs, adoré autant qu’humilié dans le quartier de Bel-Air où sa famille s’installe, il est placé dans une institution religieuse par sa mère désargentée mais soucieuse de son avenir et d'une bonne éducation en français, baigné dans la culture vaudou par sa grand-mère, dont la seule langue est le créole. Unilingue ou ultravocal ? L’apprentissage de la rue (promiscuité du quartier, sexualité précoce, commerce avec les « bandes carnavalesques » et les travestis, des « casseurs, de véritables bandits ») précède la scolarité et la passion autodidacte pour le Petit Larousse «  je l’ai feuilleté, courtisé palpé… Je fus moi-même victime de ma curiosité et de ma hardiesse. Ensorcelé par les mots. Happé par les mots. Conquis par les mots. Totalement envoûté par les mots. J’ai appris Le Dictionnaire Petit Larousse par cœur… ».

L’enfant dévore les romans du XIXe siècle, Hugo romancier et surtout poète, avant de faire son miel de Rimbaud et Lautréamont, et de tremper sa plume dans leur fiel, une parole « poétique dissidente et transfigurative axée sur l’alchimie du verbe ».

 

« Tout homme est comme une île enfermée dans sa douleur, ses désirs profonds et ses illusions. Il n’y a que des passerelles, des ponts et des connections (miraculeuses et mystérieuses comme l’amour, le sentiment de solidarité, la sympathie active) qui nous relient aux autres en nous permettant de communiquer, de communier avec les autres. »  

Ensuite, mieux cerner Frankétienne et convaincre du bien-fondé d’en parler longuement, c’est divulguer, avec impartialité, ses déconvenues de carrière et d’adhésion idéologique, ses périodes de déboires et de médiocrité. L’anthologie d’un précieux concours à ce propos nous renseigne sur ses vocations contrariées - la faculté de médecine – les études en diplomatie – la difficulté rencontrée par le chômeur, statut insupportable auquel seule la ruse lui permet de trouver une échappatoire, dans la fonction de directeur d’un collège privé et le cumul des fonctions de directeur et d’enseignant pluridisciplinaire. Autant d’expériences dignes d’un personnage de roman picaresque. Frankétienne tente sa chance, n’hésite pas pour renflouer ses caisses à se lancer à corps perdu dans une aventure rocambolesque de chercheur d’or à l’île de la Gonave, un épisode peu glorieux qui lui vaut un bref séjour dans les prisons de Papa Doc. L’auteur passe sous silence ses inimitiés et ses conflits directs avec les intellectuels. De leur contentieux, retenons le reproche qui lui est adressé de préserver sa retraite dans une démarche esthétique tandis que ces derniers négocient leurs contestations au pouvoir, opposants d’un jour, prêts à des renoncements temporaires où ils baissent la garde, en contrepartie de quelques promotions généreuses. Sans reconnaissance de la primauté du chaos partout présent dans l’existence privée autant qu’à l’échelle d’une nation, il n’y a pas d’emprise possible sur le réel.

L’individu grandit à tâtons, quitte à s’égarer momentanément, et comble ses déficits intellectuels en déployant toute son énergie, en dépassant le vertige qui le gagne, et en « faisant feu de tout bois » (cela dit dans un pays, Haïti, frappé, outre l’abandon de ses infrastructures, par le destin organisé du déboisement forestier, volontaire ou forcé). Grâce à la manie de la graphie – écriture, dessin, etc, -  polygraphe et lexicomane, Frankétienne – bricoleur d’une curiosité boulimique -, se ressource dans les savoirs, dépasse la mort « parce qu’elle est plate, sans relief ni densité », il se décale par rapport à son ombre (« l’ombre s’est envolée à l’envers son ombre noyée dans le miroir »). Pour ces mêmes raisons, reportées dans le domaine politique, il dénonce ensemble la bêtise et l’anomie « Haiti ce n’est pas l’évidence du chaos qui constitue le problème, c’est plutôt la non-gestion du chaos, c’est-à-dire l’anarchie ».

 

Le symbole du « chaos « se retrouve dans des passages où, adolescent citadin dans les années 1940 à 1950, au sein d’une famille nombreuse - seule sa mère est épargnée ,-il prenait chaque week-end le train McDonald, sur un circuit aller et retour entre Port-au-Prince et l’Artibonite  « Je me promenais chaque jour. En liberté totale-capitale. J’errais de ça de là. Je gambadais embrindezingue de joie champêtre… Sexe décadenassé hors braguette, jambes fougueuses infatigables… jouissant de toutes les orbeilleries festives. En déchambranle de balustrade, je gobais tout… » Grisée par ces fugues qui auraient convenu naguère à Rimbaud, l’ivresse verbale sert d’exutoire à l’adolescent écoeuré après les manœuvres de la locomotive en marche arrière, face à la gare terminale et au spectacle des abattoirs, le long de la voie ferrée : « exposition permanente de salbadies infectes. Maillets. Crochet. Massues Poignards… Tout cet attirail affreux et barbare pour donner la mort à de malheureux animaux… Masse de chair, de moelle, de tendons, de fibres et de nervures, de gras-double, de cartilages, de viscères et d’os, de toutes les formes.. Graisses, protéines et calories pour la balance énergétiques quotidienne des nécrophages… »

 

La mnésie accumule les traumatismes du chaos, l’invention artistique les transforme en condensés retentissants : « Nous ne sommes pas loin de l’effondrement… Yeux ouverts à la lumière. Yeux fermés de ténèbres. Je rêve de toi corps d’amour obscur. Je rêve donc je suis. » Pour lutter contre un pessimisme amarré dans une « ville enfouraillée de nuits intarissables », Frankétienne privilègie l’activité onirique et la circulation démente des mots, un accompagnement mimétique de la réalité vorace sans cesse en mouvement par une écriture échappant à l’inspiration poétique locale, une écriture « en perpétuel éclatement". Une spirale à spires multiples, susceptible d’exercer un pouvoir hypnothique en opposition avec le cercle « qui selon moi, traduit la mort » (dit Frankétienne) - c’est-à- dire l’enfermement cellulaire.

 

 Le « spiralisme » se promeut en mouvement littéraire dès 1965, avec la complicité d’un autre poète, René Philoctète, auteur de Ces îles qui marchent (éd. Actes Sud). Les principes longtempts débattus entre fondateurs du mouvement spirale sont précisés par Frankétienne au cours d’interviews :

« Ecrire devient une véritable aventure, chaque mot, jouant le rôle de déclic, est susceptible de se transformer en noyau prêt à se désagréger pour donner naissance à d’autres entités verbales. En ce sens, la spirale est une œuvre ouverte… Une écriture nouvelle et fonctionnelle… l’écriture spiraliste se présente comme une chance de démocratisation de la littérature… »

Avec le « spiralisme », Frankétienne essaie de remédier à sa claustration, à son incessante rumination langagière qui monte de son intériorité et qui lui parvient aussi de la langue de bois duvaliériste, d’un pouvoir autoritaire aliéné et aliénant colportant sa néologie imbécile par les relais médiatiques. L’écriture se propose comme une forme d’exorcisme et de thérapie collective, à travers la notion d’ « œuvre ouverte ».

 

Personnalité dérangeante, tempérament dispersé, intervenant publique – redoutant le silence, en quelque sorte touche-à-tout invétéré – Frankétienne puise dans ses ressources de chanteur lyrique exercé au répertoire de l’opéra avec des instrumentistes de son quartier, et forge, jamais à court de nouveautés, le terme « schizophone » un démarquage de « schizophrène », d’origine clinique. Plutôt qu’un artefact artistique supplémentaire, le mot reviendra constamment dans son invention, mot productif d’images et de sens, vibrion rageur et destructif, un mot de colère avant une salve d’injures : «  schizophonie pour une île schizophrène. Une île homosexuelle. Une île incestueuse. Ou peut-être androgyne… »   Je m’envertige à contempler ma ville debout Entre pierres et poussiere entre ordures et lumière Je nage inépuisable Je suis de Port-au-Prince Ma ville schizophonique bavarde infatigable. » Remède contre « la maladie d’écrire » administré entre 1995 et 1998, dans un style « spiraliste », l’Oiseau schizophone couronné par sa parution française aux éditions JM Place à Paris – pièce maîtresse, « plat principal » davantage que chef d’œuvre, terme obsolète, classificateur et distinction dévaluée à notre époque -, est remarquable en raison de ses proportions monumentales, un gâteau meringué aussi alléchant que propre à étouffer un appétit de pâtisserie, un peu à l’image grandiose du palais présidentiel conçu selon les plans d’un architecte haïtien (XXe s) et qui s’est écroulé, mansarde et dôme compris sur son 1er étage, réduisant en poussière le pavillon central et les colonnes du portique, le 12 janvier 2010.

 

De toute évidence, l’Oiseau schizophone décourage la lecture d’une seule traite. Fabriqué par morceaux de bravoure, surchargé d'«antiquités verbales », de « curiosités » tropicales, de trouvailles supposées, authentiques ou produites par glossolalie, il demande une attention discontinue. A la longue, l’attention du « lecteur libertaire » se fatigue, l’euphorie diminue. La lecture désirante finit par devenir mécanique et source d’ennui – référence au « lecteur amoureux « proposé par Roland Barthes.   « Oiseau des boues mortelles au seuil des migrations… Oiseau de la fantaisie mimant l’etoile majeure en clignotements de vie ou de mort selon le versant de l’âme et l’angle du regard, éloigne-nous de la mâquiasse… Oiseau éclair, oiseau de la foudre.. Oiseau loa dangereux, oiseau fouilleur de gouffres… Oiseau douleur de nos tripes amarrées à la cordillère des désastres… Oiseau loa de nos sexes belliqueux… » Dans cette litanie caractéristique du genre laudatif, les interférences culturelles (le vaudou) sont parfaitement reconnaissables au milieu d’un bric à brac de thèmes et d’images exclusives de Frankétienne (les tripes exposées à l’abattoir) , suivant une progression qui va du refus de l’exil à une affirmation égotiste du locuteur  - « nos sexes belliqueux » - en dérade de ses rêves et de ses désespoirs. Le fantastique appartient à un genre littéraire que Frankétienne a dévoré dans son enfance, il regagne du terrain dans l’imaginaire écrit, annexe sa dynamique créatrice, à travers les battue de zombis en forêt, l’évocation de pandémie, le déchainements de la nature (cyclone et orage), cérémonies secrètes et personnages grotesques :

« L’épidémie zombificatrice se répand. Au bout de l’interrogatoire absurde, la tête s’embrouille de peur et le cœur se fige dams le silence. - Décline ta complète identité. - Je m’appelle Jérôme. J’ai vingt-quatre ans. Je suis étudiant… J’aime la vie… et je m’attache à ma terre, de toutes mes forces. - Tu mens, petit opposant ! Tu n’es qu’un anarchiste, un vulgaire terroriste ! Tu refuses d’avouer ton crime… »

 

On sourit en survolant ce passage propre au roman-feuilleton ou polar contemporain – le duvaliérisme était, et à travers ses avatars, reste d’abord terreur policière -  gangréné par l’argent et les actes de cruauté exécutés en série. - De son côté, sans alibi, sans commanditaire, sur « simple demande », sous prétexte de professionnalisme, le « détaillant » par contumace,  l’auteur de polar, se complait dans un voyeurisme de procès verbal arguant qu’il s’agit de se conformer aux nécessités du genre -. On peut préférer les moments ludiques où Frankétienne, se jouant des codes, invente ses propres règles : 

« ABAISSER La mémorable, l’inoubliable triangle ABC tracé à la craie blanche sur le grand tableau  rectangulaire noir. Le triangle du bavardage soporifique. Tête de serpent dans le sommeil géométrique. Ne sous-estime jamais les fréquences cumulatives des ondes vibratoires qui émanent de la parole répétitive. Fort souvent, elles sont imperceptiblement dangereuses… C’est bien le cas du vocabulaire ABAISSER. Verbe transitif apparemment inoffensif. Très facile à conjuguer. A intérioriser. Et à mémoriser comme Abc. Les trois premières lettres de l’alphabet. Les trois premières lettres du triangle étriqué de la êâtise humaine. Le triangle justaucorps de la coercition et des contraintes Le triangle étouffoir des répressions traumatisantes.. . »  

 

Dans ses activités artistiques, Frankétienne  - pour l’Etat civil, Franck Etienne, né en 1936 - engage tous les aspects de sa personnalité. Son adresse et son autodérision lui permettent d’évoluer dans n’importe quel registre de langue, se donnent dans leurs faiblesses, dans leurs prouesses. Sincère dans les rôles  synchrones ou successifs assumés de colporteur et bouc émissaire des fléaux haïtiens, artisan soucieux d’un contact au plus près du matériau (la voix, l’écrit, les tubes de peinture). Clown amoureux (« Foukifoura / Le fou de Port-au-Prince/ metteur en scène baroque/ des mardi-gras tragiques ») jaloux et critique amer de sa ville. Montré - monstre -(« Frankétienne ou Frankeinstein ») et montreur de ses ombres arrachés aux miroirs.

Certes, un « diable d’homme », « un ogre qui a tout dévoré », selon Dany Laferrière. Cependant, hautain ou intrépide, en appare ce seulement, Frankétienne emprunte toujours les traces d’un nouveau chemin avec humilité. En témoignent ses précautions à composer en créole – «preuve indéniable d’une grande aliénation» - son premier roman suivant les conseils du journaliste Jean Dominique, voix de la radio en créole et adversaire virulent de Jean-Bertrand Aristide (voir le film de Jonathan Demme L’Agronome en 2003 à propos de son assassinat), puis des pièces de théâtre désormais parties prenantes du répertoire du théâtre national. Production théâtrale d’expression créole - par opposition à l’universalité revendiquée -, sur laquelle nous sommes en peine de parler. Au spectateur haïtien le devoir d’en rendre compte.

 

http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/photos/davertige-couverture.jpg

 

  sur le site de "Mémoires d'encrier":

 

 

Frankétienne

Anthologie secrète

ISBN : 2-923153-37-5
2005

 

Un livre étrange et libre, qui rassemble entretien, photos, textes divers, documents d’archives et inédits de l’auteur haïtien le plus mystérieux, le plus fou et le plus libre.
Auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages en tous genres : roman, poésie, théâtre, Frankétienne est aujourd’hui une des plus grandes figures de la littérature des Caraïbes. Pour l’écrivain Dany Laferrière, Frankétienne se présente de plus en plus comme un auteur «nobélisable».
Né en 1936 dans l’Artibonite, en Haïti, suite au « viol d’une paysanne haïtienne de treize ans par un vieil industriel américain », Frankétienne aime se définir comme un génial mégalomane. Il a fondé au début des années 70, avec ses amis écrivains Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, le mouvement Spiralisme, qui propose l’éclatement des formes, des genres et des imaginaires.
Également comédien, metteur en scène et peintre, Frankétienne partage son temps entre l’écriture, le théâtre, la peinture et les voyages.

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