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3 novembre 2013 7 03 /11 /novembre /2013 17:49

 

Gaston Bellemare et Maryse Baribeau.

 

LE FESTIVAL

INTERNATIONAL

DE LA POÉSIE

Une affaire de coeur

par Julie Stanton

Journaliste indépendante amoureuse de mon métier, poète pour garder la

flamme, j’ai eu le privilège de participer au Festival international de la poésie à

plusieurs reprises. Je garde précieusement en mémoire la lecture que j’ai faite

devant les convives du petit resto Le Bucafin géré par une entreprise d’économie

sociale dont l’une des missions est d’offrir des cours d’alphabétisation.

J’ai été extrêmement touchée d’entendre des gens dire leur premier poème

en public, et aussi d’apprendre qu’ils avaient été eux-mêmes si émus de se

trouver en présence de poètes reconnus. Lorsque, dans la solitude de l’acte

créateur, je me demande pourquoi j’écris de la poésie, le souvenir de ces

rencontres intenses nourrit ma quête...

 

« À cela s’ajoutent le jeudi nos petits

poètes itinérants, ces jeunes du primaire

qui, revêtus de leur t-shirt affichant

Poètes au travail, lisent leur propre

création un peu partout dans les

endroits publics, ainsi que les ateliers

d’écriture, les nombreuses expositions

présentées dans les galeries d’art et les

bibliothèques, sans oublier les très fréquentés

dîners, soupers, apéros poésie,

les jazz vin poésie ou les scotch poésie

et, pour la finale, la Grande soirée de

poésie Québecor. Il y en a pour tous les

goûts et toutes les bourses », s’enthousiasme

Maryse Baribeau, complice de

Gaston Bellemare depuis la première

présentation du Festival. L’invité

d’honneur, notre Félix Leclerc national,

avait alors déclaré Trois-Rivières «

Capitale de Poésie ». L’appellation a

suscité l’adhésion de tous ceux qui, au

fil des ans et du rayonnement de cette

fête unique, se sont laissé happer par

l’atmosphère amicale, chaleureuse,

fertile en émotions, nourrie de rencontres

et de découvertes donnant lieu

à de touchantes confidences. « Je

n’oublierai jamais, raconte Maryse,

cette dame qu’un ami avait amenée au

Festival et dont le fils schizophrène

s’était suicidé. Au bord des larmes, elle

m’a avoué n’avoir jamais compris le

sens des lettres qu’il lui écrivait. Mais

en écoutant les poètes, elle avait réalisé

qu’elle y serait peut-être parvenue si

elle s’était simplement laissée aller à

l’émotion. C’est ça, la poésie. La lire est

une chose. L’entendre en est une autre.

Bien sûr, à tant la fréquenter, Gaston et

moi en connaissons l’importance et la

richesse. Mais lorsque les gens viennent

nous dire que, grâce au Festival,

elle les rejoint davantage à travers leur

quotidien, leur entourage et leur environnement,

ou encore que d’autres

racontent venir y chercher du bonheur

durable pour le reste de l’année...

wow ! »

Des femmes atteintes de cancer, qui

suivaient des traitements de chimiothérapie

à Trois-Rivières, ont demandé

qu’on fixe leurs rendez-vous en fonction

du Festival pour qu’elles puissent

aller s’y réchauffer le coeur. Un travailleur

de la construction, qui avait

accompagné sa femme à l’événement

en se traînant un peu les pieds, a été littéralement

envoûté; programme en

main, le couple a changé de resto chaque

jour pour écouter les poètes qui récitent

aux heures des repas. Deux jeunes

inconnus, elle de Montréal et lui de

Québec, sont tombés amoureux sur les

lieux et y reviennent chaque année en

souvenir de ce moment. Un visiteur

d’une soixantaine d’années, originaire

du Saguenay, a demandé à Gaston

Bellemare d’écrire le poème d’amour

qu’il avait promis à sa douce au début

de leur mariage et qu’il n’était jamais

arrivé à mettre en forme. « On est tellement

fiers de ça ! » s’émeut Maryse.

Puis elle ajoute que certaines personnes

retraitées lui ont raconté avoir déménagé

à Trois-Rivières après avoir conclu

qu’une ville qui offrait un tel événement

ne pouvait être qu’une ville à

visage humain. Et de louer l’emballement

des seniors qui semblent trouver

un véritable plaisir à participer au

Concours et Prix national pour les

aînés. Dans leurs poèmes, ils abordent

l’amour vécu, perdu, les rêves non

encore réalisés, la solitude, parfois l’érotisme,

ou encore ils expriment qui ils

étaient dans leur jeunesse et les facettes

d’eux-mêmes que leurs enfants ne

connaissent pas.

Placé à l’enseigne du vers du regretté

poète Yves Boisvert, disparu cette

année, Aimez-moi j’arrive à vous / afin

de ne pas être étranger, l’événement

propose, dans plus de 70 lieux différents

de Trois-Rivières, au-delà de 300

activités auxquelles participent une

centaine de poètes en provenance

d’une trentaine de pays issus des cinq

continents. « Cela nous aura pris presque

cinq ans avant de nous ouvrir à l’international,

explique Gaston Bellemare. À

un certain moment, les gens nous ont

fait part de leur désir d’entendre des

poètes d’ailleurs s’exprimer dans leur langue d’origine, une

fois qu’un traducteur aurait livré une première lecture de

leur texte en français. Nous avons compris que nous n’étions

pas obligés d’inviter le meilleur poète du Venezuela qui parlait

français, mais le meilleur poète du Venezuela ! Ces poètes

venus de loin sont tellement séduits par notre Festival que

certains nous ont demandé à la blague de leur accorder

l’asile poétique ! Le Festival international de la poésie a fait

des petits partout dans le monde, en plus d’être couronné

de nombreux prix. »

Pour son président, qui est cofondateur de la maison

d’édition Les Écrits des Forges et lui-même bardé de reconnaissances

avec un CV long comme le bras, le gain fondamental

de l’événement par rapport à d’autres organisations

du genre, c’est d’avoir trouvé la zone de confort entre le

public, les poèmes et les poètes. Ainsi, au cours de leurs prestations

dans les nombreux restaurants, cafés et bars qui les

accueillent, les poètes ont droit à trois minutes de temps de

micro, pas plus. « De cette façon, si quelqu’un dans l’audience

est peu sensible à tel type de poésie, il sait que son inconfort

ne durera pas longtemps ! Moi, j’ai toujours dit aux poètes :

Parlez profondément au lieu de parler longtemps. Le public

écoutera d’autant mieux qu’il aura du temps pour digérer. ” »

Lors de la première édition du Festival, raconte M. Bellemarre,

les journalistes avaient prédit des débuts difficiles et à peine

300 visiteurs, ce qui, à leur avis, aurait déjà constitué un petit

succès d’estime. « Il y en a eu 5 000 ! »

« À l’aube de ses 30 ans, le Festival international de la poésie

est parmi les plus vieux du genre au monde, indique

Maryse Baribeau. En plus, il est le seul à présenter des lectures

dans les restaurants, les bars, les galeries d’art et un peu partout,

là où les gens vivent. Pour moi, travailler à son bon

fonctionnement et à son rayonnement est devenu une façon

de vivre, de me brancher sur l’essentiel. C’est comme si, au

cours des ans, j’avais ajouté ma pierre à l’édification d’une

église. » Pour conclure, Maryse ne peut s’empêcher d’évoquer

de nouveau l’importance accordée par les organisateurs

au public de tout âge. Et elle ajoute que le Festival peut offrir

à chacun un programme d’activités clés en main pour une

journée ou davantage. Qu’on se le dise !

Pour en savoir plus sur le

Festival et sur le parcours

de ceux qui en sont l’âme :

http://www.fiptr.com

http://www.fiptr.com/poesie_plus.html

Infos : 819 379-9813 mbaribeau@fiptr.com BA

 

 

 

 

 


 

 

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