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6 décembre 2011 2 06 /12 /décembre /2011 18:12

 

« Violemment surréaliste et ancré dans la langue québécoise… Son style était bref mais choquant. Il toucha un large public et influença les poètes québécois ou francophones de la seconde moitié du 20ème siècle. »
                                      Journal en ligne, à propos de Paul-Marie Lapointe


Espèces fragiles
Paul-Marie Lapointe, éditions l’Hexagone Québec 2002
 
Le poète s’est éteint récemment, le 16 août 2011. Un ouvrage de  la collection « Poète d’aujourd’hui »  chez Seghers lui a été consacré.
 
La thématique de « l’île-paradis » sert de châsse aux poèmes dont le dernier se termine par une apostrophe à la tortue, à toutes les tortues du monde :  «
sans doute n’atteindras-tu / jamais / la fin des temps… le sais-tu? »
 
Représentant des poètes de la « révolution tranquille » au Québec, Paul-Marie Lapointe a eu de hautes responsabilités à radio Canada, persévérant dès 21 ans dans un anticapitalisme raisonné, complice de Gaston Miron  dont il a la stature, et de Nicole Brossard (féministe dès « Installations » 1989). On connait l’attirance de Malcolm Lowry, de Lawrence et des Québécois pour le Mexique, terre des séismes et des volcans :

«  nuit cathodique/ … nuit sous contrôle / nuit armée /… nuit régnante sur terre / planète d’ignorance / et de sang versé / planète perdue
»
 
L’humanisme contemporain de Paul-Marie Lapointe - on a rendu compte de
Pour les ämes dans ce blog, au début de l’année – correspond à un rejet de cette espèce de « totalitarisme » Etatsunien dont pâtissent les Latinos, les Blacks, les minorités sexuelles, un fonds protestant et apalachien rétrograde. De toute évidence, comme Pierre Bellemare, Lapointe préférait le Mexique, l’Amérique du sud, admirait modérément le Che, Cuba et pas du tout Régis Debray, l’ex otage de Bolivie, le « médiologue » à la mode.
 
Le petit bourgeois philosophe se rendait chaque lundi – vers 1965 -  au lycée Poincaré de Nancy (son 1er poste de normalien ) après avoir traîné sur l’ancienne place Thiers, celle du cinéma où les lycéens sortis par « l’aquarium » regardaient jalousement les filles aux jambes croisées à la terrasse du café – le restaurant était à l’étage -. Régis Debray, l’anti-poéte, enseignait le
Discours de la méthode qu’il obligeait à apprendre par cœur.
 
Paul-Marie Lapointe, le poète « planant », a écrit : «  
à 8 heures, ce matin,/ secousse sismique / un seul coup de massue / comme pour enfoncer la ville / dans la terre / ville fragile / immobile / comme on retient son souffle… »
 
Toutes les pièces du recueil se caractérisent par leur concision, leur ton ferme, leur expérience de « l’être humain ». L’ensemble donne un condensé des positions d’un poète exemplaire, qui ne se compromit pas avec les pseudo révolutionnaires boliviens, enfermés – pour la photo – dans la prison de Camiri (1967-1971).
 
L’inspiration du poète Québécois est limpide, héroïque, Il sublime l’épopée et le sous-développement.
 
«
Des fourmis.
Quelques centaines de fourmis, minuscules, explorent le territoire de marbre de la terrasse ; un mètre carré environ. Que chacune parcourt en tout sens, avançant à vive allure, stoppant, reculant, virant à gauche à droite…
. »
 
Christian Samson
 

 

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