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30 juin 2006 5 30 /06 /juin /2006 13:36

BIOGRAPHIE  de René L. Louis

René L. Louis est né à Haudainville -sur- Meuse en 1943. Il ne connaîtra pas son père, résistant, mort dans des circonstances  inexpliquées. En sanatorium, dès son adolescence, il se compose une langue, apprend la précision dans la pensée à la lecture des rationalistes du XVIIIe siècle. Autodidacte, il termine un DESS sur " Les images du corps dans l'oeuvre de Rabelais " à la faculté des lettres de Nancy. Puis ill travaille à Paris aux éditions Tchou, en compagnie de Jean-Pierre Sicre. Rédacteur au Dictionnaire mondial des littératures ainsi qu'au au GLU, et militant syndical, il doit se consacrer à des travaux alimentaires chez Autrement. Il publie dans Le Nouveau recueil, chez JMG. On lui doit de nombreuses encyclopédies critiques à propos de la superstition et des sorciers dans la campagne française. Il donne à publier, en 2004, les Stances de l'Intranquillité d'être aux éditions Aspect.


 

René.L.Louis aime sa langue. D’autres coudoient les marchandes dans les taxis-brousse, parlent l’anglais dans le quartier de la City. Lecteur de Barthes, de Macheret, de Lévi-Strauss, il passe, prudemment, sous leurs échafaudages. Roland Barthes n’a-t-il pas été renversé par un autobus en traversant dans les clous ? Parfois le rappel à la réalité se transforme en fait-divers tragico-comique. Contrairement à Charles Dantzig (Le dictionnaire égoïste de la littérature française), ce Meusien au fond de sa combe dans le Doubs, amateur de Saint-John Perse et d’Aragon, refuse d’admettre que “chaque bébé naît en France avec  un dictionnaire”. Des mots, il en connaît par coeur les “entrées”. Les entrées. Cela dit sans exagération : malgré quinze années chez Larousse il est  sorti indemne de la salade éditoriale. Et du coup il a recouvré sa liberté. Le jeu vaut/n’en vaut pas la chandelle: le trait oblique s’impose aux lacaniens. Rien n’est préférable au métier d’artisan. Après des nuits de poésie sentimentale, il a, et pour longtemps, choisi d’utiliser la langue à son plein. Avant les “événements de  68”, il accède à l’âge adulte en tant que poète. Rien de commercial dans sa manière de fustiger la langue considérée comme hégémonique, il s’agit de l’obliger à dégorger ce qu’elle a d’intéressant. Termes techniques, synonymes du XVIème siècle, vocabulaire topologique, leur commerce est riche d’enseignements. Désormais il croise histoire et espace. La ponctuation d’une main vigilante l’avait conduit à célébrer la “divine  virgule”. Mais  le surcodage est un excès. Le blanc permet de joindre ou disjoindre un syntagme.

 René. L. Louis réforme la rhétorique. Dans Stances de l’Intranquillité d’être,  un art de respirer est installé. Il propose de reconsidérer le verset. Sa tenue “intonatique” contrarie l’“intonatique” de la phrase. Le phrasé cesse de se calquer sur la syntaxe. D’un coup de pied il vaut mieux repousser la Caisse à outils de Jean-Michel Espitallier, titre pompeux d’un Panorama de la poésie française.

Poésie laborieuse, certes ! et qui ignore le bond ou la bête à deux dos chère à  François Rabelais. Modernité, donc ; le retour au verset. Le Meusien de coeur peut dès lors s’enfermer dans sa combe du Doubs. Derrière son prétendu chagrin, quel contresens ! il peut cacher son rictus aussi jeune que celui du chevalier de la Barre défendu par Voltaire.

 En réalité, il s’amuse sous le manteau du marquis de Sade et peut déclarer en toute liberté :

« Ta colère au fil des âges et des ans n’a fait que croître sous le vantail ou le bassinet à double visière mobile

Dans un fracas de lances et d’écus qui s’entrechoquent….

Tu caches ton jeu en simulant le mort... » 

 

 

 

René L. LOUIS- Stances à l’intranquillité d’être - Ed. ASPECT 2004




 

        Tranquille entre quatre murs et la fenêtre a beau encadrer

s    Son  paysage

    Jalousement le défendre contre la non-permanence des choses

    Quelques maisons basses la prairie la forêt Tranquille entre

 t Toutes les écluses du ciel comme un

    Qui repose au haut d’un tas de foin le bras replié dessous la

 t Tête Entre toutes les écluses que dorme l’eau embrumée

    Et le vieux clocher là-bas inutilement disperse sa semence de sonnailles

    Là-bas a beau le vent brasser les ailes des oiseaux noirs

    Moins tranquille entre ses quatre murs la fenêtre cette fois

   Hésite à encadrer un paysage

 

 

 

 

 

R René L. LOUIS- Stances à l’intranquillité d’être - Ed. ASPECT 2004

 

 

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