BIOGRAPHIE de René L. Louis
René L. Louis est né à Haudainville -sur- Meuse en 1943. Il ne connaîtra pas son père, résistant, mort dans des circonstances inexpliquées. En sanatorium, dès son adolescence, il se compose une langue, apprend la précision dans la pensée à la lecture des rationalistes du XVIIIe siècle. Autodidacte, il termine un DESS sur " Les images du corps dans l'oeuvre de Rabelais " à la faculté des lettres de Nancy. Puis ill travaille à Paris aux éditions Tchou, en compagnie de Jean-Pierre Sicre. Rédacteur au Dictionnaire mondial des littératures ainsi qu'au au GLU, et militant syndical, il doit se consacrer à des travaux alimentaires chez Autrement. Il publie dans Le Nouveau recueil, chez JMG. On lui doit de nombreuses encyclopédies critiques à propos de la superstition et des sorciers dans la campagne française. Il donne à publier, en 2004, les Stances de l'Intranquillité d'être aux éditions Aspect.
René.L.Louis aime sa langue. D’autres coudoient les marchandes dans les taxis-brousse, parlent l’anglais dans le quartier de la City. Lecteur de Barthes, de Macheret, de Lévi-Strauss, il passe, prudemment, sous leurs échafaudages. Roland Barthes n’a-t-il pas été renversé par un autobus en traversant dans les clous ? Parfois le rappel à la réalité se transforme en fait-divers tragico-comique. Contrairement à Charles Dantzig (Le dictionnaire égoïste de la littérature française), ce Meusien au fond de sa combe dans le Doubs, amateur de Saint-John Perse et d’Aragon, refuse d’admettre que “chaque bébé naît en France avec un dictionnaire”. Des mots, il en connaît par coeur les “entrées”. Les entrées. Cela dit sans exagération : malgré quinze années chez Larousse il est sorti indemne de la salade éditoriale. Et du coup il a recouvré sa liberté. Le jeu vaut/n’en vaut pas la chandelle: le trait oblique s’impose aux lacaniens. Rien n’est préférable au métier d’artisan. Après des nuits de poésie sentimentale, il a, et pour longtemps, choisi d’utiliser la langue à son plein. Avant les “événements de 68”, il accède à l’âge adulte en tant que poète. Rien de commercial dans sa manière de fustiger la langue considérée comme hégémonique, il s’agit de l’obliger à dégorger ce qu’elle a d’intéressant. Termes techniques, synonymes du XVIème siècle, vocabulaire topologique, leur commerce est riche d’enseignements. Désormais il croise histoire et espace. La ponctuation d’une main vigilante l’avait conduit à célébrer la “divine virgule”. Mais le surcodage est un excès. Le blanc permet de joindre ou disjoindre un syntagme.
Poésie laborieuse, certes ! et qui ignore le bond ou la bête à deux dos chère à François Rabelais. Modernité, donc ; le retour au verset. Le Meusien de coeur peut dès lors s’enfermer dans sa combe du Doubs. Derrière son prétendu chagrin, quel contresens ! il peut cacher son rictus aussi jeune que celui du chevalier de la Barre défendu par Voltaire.
En réalité, il s’amuse sous le manteau du marquis de Sade et peut déclarer en toute liberté :
« Ta colère au fil des âges et des ans n’a fait que croître sous le vantail ou le bassinet à double visière mobile
Dans un fracas de lances et d’écus qui s’entrechoquent….
René L. LOUIS- Stances à l’intranquillité d’être - Ed. ASPECT 2004
Tranquille entre quatre murs et la fenêtre a beau encadrer
s Son paysage
Jalousement le défendre contre la non-permanence des choses
Quelques maisons basses la prairie la forêt Tranquille entre
t Toutes les écluses du ciel comme un
Qui repose au haut d’un tas de foin le bras replié dessous la
t Tête Entre toutes les écluses que dorme l’eau embrumée
Et le vieux clocher là-bas inutilement disperse sa semence de sonnailles
Là-bas a beau le vent brasser les ailes des oiseaux noirs
Moins tranquille entre ses quatre murs la fenêtre cette fois
Hésite à encadrer un paysage
R René L. LOUIS- Stances à l’intranquillité d’être - Ed. ASPECT 2004