17 avril 2015
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Nous avons édité le premier recueil de Brigitte Cottaz, Fugues, en 2012.
L'originalité des textes, écrits "sur" ou "à propos" ou "autour" d'un morceau de musique - classique et jazz -, et le parti-pris à la fois de présentation - deux textes se font face sur le même thème - et d'écriture - le second est une "fugue" qui répond au premier, nous ont intéressés.
Voici les deux premiers - nés d'une fugue autour d'une fugue de Bach - qui se présentent ici à la suite, faute de pouvoir les reproduire sur deux pages face à face ou- au pire- sur deux colonnes
Jean-Sébastien
Prélude intempéré clavicorde tendu sous le soupir chanté
do si do ré
sol attendu tissé menu le ciel reflue
au pays sage
si tu jouais ma joie prendrait là si dorée
à ton visage
monolude dialogue doublaccorde interlude
et sans transition élude
le soleil
qui tourne autour du sommeil tandis que la terre
touche à son terme
le souffle des fous
qui tourna tous les jours du vieux siècle où la terre toccata
à perdre haleine
Prélude du temps
fugue à l’instant sur les touches à mains nues d’un orgue dément
d’un ogre de Barbarie qui toucha tant le temps sans qu’on en revienne
sarabande et conseille la consolation qui brûle
comme assoiffant la prière d’une kyrielle d’amen
de mains courantes effleurant le sol des gammes
courante et gigue d'un enfant dans un champ de mines
jusqu’à ce que la vie rejoue dans le vide sa respiration haute
jusqu’à ce que ton Dieu joue
sous tes doigts la preuve de son existence
sa danse
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Fugues en nuit mineure
Il arpente la nuit. Il trace dans les murs
des fenêtres d'encre percées par des poings durs
sous la pression d'un cri ou la passion d'écrire
bombes lettres noires graffitis à détruire
Il marche au gras du sol écrase les nuages
dévale la fumée dévore son visage
laisse tomber sa vie au fond d'un café noir
et branche ses oreilles s'invente M.C. Solaar
Part du bar va s'asseoir
car le rythme voit rouge
sur le quai
vie volée
est-il âme qui bouge
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